Il y a 59 ans tout juste, un lundi 26 mars, en 1962, se déroulait dans le quartier algérois de Bab el-Oued, plus précisément devant la Grand Poste de la rue d’Isly, l’un des épisodes les plus marquant et tragique d’une « guerre qui ne veut pas dire son nom, la Guerre d’Algérie ».
Ces derniers propos de David Rachline en ouverture du discours prononcé ce vendredi 26 mars 2021 à l’occasion de la traditionnelle cérémonie d’hommage aux 82 victimes qui se tient à Port-Fréjus II, à la stèle de “tous ceux tombés pour que vive la France en Algérie“, se veulent évoquer et rappeler les évènements qui ont rythmé, huit années durant, un conflit dans ce qui était encore une colonie française.
Jean-Paul Selles veut continuer de transmettre
Jean-Paul Selles, président du “Rassemblement des Français d’Algérie du Var et amis“, organisateur de la cérémonie, avait précédé le maire de Fréjus au micro. Se réjouissant en tout premier lieu que cette commémoration « puisse se tenir cette année, alors que nous en avions été empêchés l’an passé du fait du confinement ».
Puis c’est un Jean-Paul Selles plus véhément qui poursuivra, comme en colère. Témoin de ce qui s’est passé réellement sur place ce jour précis, tançant des propos tenus il y a quelques années et ramenant la colonisation à « un crime contre l’humanité. Comment peut-on dire cela ? Non monsieur le Président, il n’y a pas eu de crime contre l’humanité (…) Ayons une pensée pour nos aïeux et les milliers de morts, militaires, civils et harkis ».
Avouant encore en aparté, « jusqu’à mon dernier souffle, je n’aurais de cesse de poursuivre cette volonté de retranscrire la vérité ».
Dans une lettre de mission adressée à l’historien Benjamin Stora dans le cadre de la rédaction d’un rapport sur “les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie“, le chef de l’État précisait justement, « il importe que l’histoire de la guerre d’Algérie soit connue et regardée avec lucidité. Il en va de l’apaisement et de la sérénité de ceux qu’elle a meurtris… »
Des « communautés » meurtries
Outre la présence d’élus fréjusiens de la majorité municipale, mais également de Jean-François Debaisieux, représentant le maire de Saint-Raphaël dont il est l’adjoint aux affaires militaires, cette commémoration – un an avant le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie – aura justement rassemblé toutes les “communautés“ que la guerre d’Algérie a laissées derrière elle : pieds-noirs, immigrés, victimes, vétérans, harkis…
Hasard de l’histoire, le réalisateur Bertrand Tavernier, qui s’est éteint ce jeudi 25 mars du côté de Sainte-Maxime où il résidait, avait consacré un film documentaire en 1992 à “La Guerre sans nom“.
Se projeter vers l’avenir, mais ne pas oublier
Le maire de Fréjus saluera « la mémoire de toutes les victimes tombées lors de cette fusillade, car nous sommes ici réunis avant tout pour nous souvenir. Nous souvenir pour assurer notamment une transmission apaisée de cette douloureuse histoire. Le défi des commémorations de la guerre d’Algérie est précisément de réconcilier les parcours individuels dans notre histoire commune, et nous permettre ainsi de nous projeter ensemble vers l’avenir », booster les relations entre les deux pays, transmettre sans oublier…
Le Chant des Africains saluera encore les dépôts de gerbe avant que ne prenne fin cette cérémonie commémorant le 59e anniversaire du massacre de la rue d’Isly…