Classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1987 et labellisé Architecture contemporaine remarquable en 2001, le site constitue un témoignage rare de la présence des troupes coloniales à Fréjus.
« La Missiri est un lieu singulier, à la croisée des cultures et des mémoires. Sa valeur tient autant à son architecture qu’au récit humain qu’elle porte », souligne Pierre Excoffon, directeur de l’archéologie et du patrimoine de la Ville.
Un chantier structuré en deux grandes étapes
Dirigée par Jean Geitner, architecte du patrimoine, l’opération engagée porte d’abord sur la stabilisation de l’édifice : reprise des fondations, restauration des façades, traitement du plancher haut et gestion des eaux pluviales. Aux abords, les premières interventions concernent les cases, totems, termitières et le square sacré.
Le lancement des travaux a donné lieu à un point presse avec les médias locaux.
« Nous curons les parties fragilisées, purgeons les maçonneries instables et reconstituons les décors selon des procédés techniques actuels, tout en préservant l’esprit originel du lieu. L’objectif est d’impacter le moins possible le terrain pour conserver son authenticité », explique l’architecte.
Une seconde phase, prévue fin 2026, portera sur la restitution des décors et l’aménagement des abords en vue d’une ouverture au public en 2027. L’ensemble comprendra également un parcours paysager et des dispositifs didactiques.
Aux origines d’une architecture de mémoire
Construite entre 1928 et 1930 par les tirailleurs sénégalais du camp de Caïs, la mosquée Missiri reproduit, en blocs de béton et enduit rouge, la silhouette de la grande mosquée de Djenné (Mali). Ce projet, initié par le colonel Lame et le capitaine Abdel Kader Mademba, visait à recréer un environnement familier pour les contingents d’Outre-Mer stationnés à Fréjus.
Les tirailleurs sénégalais défilent devant la mosquée.
« La Missiri n’était pas à proprement parlé un lieu de prière, mais un lieu de vie, pensé pour accompagner ces soldats dans une période de transition », rappelle Pierre Excoffon.
Avec plus de deux hectares dédiés à sa revalorisation, ce chantier patrimonial s’inscrit dans une démarche de transmission et d’accès public, soutenue financièrement par la Ville, l’État et la Région.
Les dates clés
- 18 juin 1987 : inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques
- 2019 : acquisition par la ville de Fréjus
- 1er mars 2021 : label Architecture contemporaine remarquable
- Février 2022 : commande du projet de restauration
- Février 2025 : autorisation de travaux par le ministère de la Culture
- Novembre 2025 : début des travaux

