Quand les scaphandriers forment les sauveteurs en mer…

Publié le 14 mai 2021

Entre autres sessions de formations, ce sont trois jours particulièrement intenses qui ont rythmé la vie de l’École nationale des scaphandriers de Fréjus (*), dont certains membres étaient réquisitionnés dans le cadre de la formation de sauveteurs de la SNSM, Société nationale de sauvetage en mer.

« Il s’agit plus exactement, d’une part d’une formation concernant trois agents de la SNSM, d’autre part d’une session de recyclage – qui a lieu tous les 5 ans dans le cadre de la formation continue – pour autres trois agents déjà plus confirmés,précise Jérôme Vincent, le directeur de l’ENS. Car, si ces sauveteurs sont tous plongeurs dans le civil, une plongée dans le cadre d’une intervention spécifique de secours s’appréhende tout à fait différemment. »

Le but premier de l’ENS est de former de futurs techniciens professionnels amenés à travailler dans les travaux publics sous-marins (tous types de travaux de soudure, de bétonnage dans le génie civil, découpage sous-marin, assemblage mécanique, etc.). Mais une autre mission s’inscrit dans l’encadrement et la formation de plongeurs plus occasionnels selon leurs missions. « Cela peut concerner des journalistes, des vidéastes, des pisciculteurs, conchyliculteurs et autres pêcheurs, des scientifiques, des archéologues, toutes les administrations (pompiers, affaires maritimes, douanes, sécurité…) », ajoute le directeur de l’ENS.
Et bien sûr donc les sauveteurs de la SNSM, en provenance de diverses stations.

Trois exercices de jour, avant une plongée de nuit

Ainsi, après un passage théorique en salle dans les locaux de l’ENS, toute la session s’est délocalisée sur l’un des plateaux techniques dont jouit l’École nationale au Lac du Dramont.
Au programme, trois exercices :
– sortir un plaisancier bloqué sous la coque de son bateau – après que ce dernier ait fait naufrage – et piégé dans une bulle d’air ;
– dégager un filet de pêcheurs bloqué dans l’hélice d’un bateau prenant de la gîte et risquant à tout moment de s’enfoncer dans l’eau ;
– sécuriser et maintenir en surface un voilier victime d’une voie d’eau.

Sur place, chaque binôme est constitué d’un agent confirmé et d’un néophyte, chaque exercice suivi par Vincent Grimalt, directeur-adjoint de l’ENS, responsable pédagogique, et Cédric Landriot, formateur au sein de la SNSM.

Et la Société nationale de sauvetage en mer étant par essence appelée à intervenir par tout type de temps et 24h/24, des exercices de nuit sont venus s’ajouter samedi soir.

Qu’est exactement l’école nationale des scaphandriers ?

Née en 2012, initialement installée à Saint-Mandrier, l’École nationale des scaphandriers, est l’une des deux structures privées œuvrant sur le territoire national. Sous agrément de l’État (ministère du Travail), l’ENS assure la formation et la délivrance du “Titre professionnel de scaphandrier travaux publics“. Les personnels formés sont ainsi à même d’intervenir en plongée en mer, mais également sur toutes voies navigables (camp marin du RIMa, bassins, canaux, réseaux d’égoûts, stations d’épuration, ports, centrales nucléaires…).

Les locaux dans l’ouest-Var devenus par trop exigus, l’ENS s’est installée en 2017, avec l’appui de la municipalité fréjusienne, dans ceux délaissés par l’ancien CFA (Centre de formation des apprentis) à la Base nature.

Actuellement déployée sur quelque 1000 m2 au rez-de-chaussée, l’ENS mène actuellement des travaux, en collaboration avec la municipalité, pour aménager 600 m2 supplémentaires au 1er étage. Elle dispose surtout à Fréjus d’équipements récents et en quantité, associés à de multiples plateaux techniques (bassins d’eau douce, d’eau de mer, d’eaux troubles, dans la bentonite (béton), sur des émissaires (mis à disposition par Véolia) ou encore sur des sites extérieurs tels le lac du Dramont, le barrage du lac de Saint-Esprit (mis à disposition par la Cavem)…

Autant de lieux et d’équipements qui permettent de travailler dans toutes les conditions.

L’ENS s’appuie à Fréjus sur une vingtaine de salariés permanents, dont une dizaine d’instructeurs, lesquels peuvent être renforcés par une dizaine de vacataires le cas échéant. Elle dispose d’antennes dans l’océan indien (à la Réunion) et au cœur des Caraïbes (Martinique et Guadeloupe), où sont dispensées le même type de formations et de certifications. « Pour des raisons d’économie bien entendu, et ne pas contraindre les personnes en formation à de trop longs voyages au regard de la durée d’une formation », souligne Jérôme Vincent.

À ce titre encore doit d’ailleurs se concrétiser prochainement une autre antenne délocalisée dans le Pacifique Sud.