Décès de Julien Laporte : le Fréjus Var Volley en deuil

Publié le 26 avril 2021

C’est une bien triste nouvelle qu’a annoncée ce lundi 26 avril Alexandre Bonnard, président du Fréjus Var Volley : « Julien Laporte est décédé cette nuit ».

Julien Laporte avait 38 ans. Arrivé à ce qui était encore une section de l’AMSLF en 2011, Julien y avait terminé sa carrière sportive de volleyeur professionnel en 2016. Un temps adjoint aux côtés du coach Loïc Geiler – ami intime depuis leur rencontre au sport-études de Montpellier -, il occupait un rôle stratégique au sein du club fréjusien, responsable du secteur jeunes et de l’école de volley notamment, mais également de la communication. Avec son compère Pierre Vivier, Julien commentait ainsi derrière la caméra chaque rencontre à domicile des Varois, depuis que la Ligue nationale de volley avait décidé, du fait du huis clos imposé aux clubs de proposer la retransmission des matches professionnels sur sa plateforme.

À l’aise au milieu des jeunes…

Voici quelque deux mois, nous le croisions encore, sur la plage de Fréjus, heureux au milieu des jeunes qu’il encadrait à l’occasion d’un stage qui, faute de pouvoir se tenir en salle, s’était “exilé“ sur le front de mer et transformé en “chebi“ (beach en verlan).

Avant même d’avoir mis un stop à sa carrière de joueur en 2016, Julien avait entamé une reconversion dans l’encadrement. Il était un éducateur reconnu, en cours de formation pour passer le diplôme qui lui aurait permis d’entraîner jusqu’en Élite (3e niveau national), son talent était reconnu dans le milieu, puisqu’il était également sélectionneur régional des M15 garçons.

Le volley était toute sa vie. Mais il n’aurait pas dû l’être. Car, si peu le savaient – à tout le moins avant qu’il ne subisse une première intervention chirurgicale au niveau de l’aorte en octobre 2017 -, Julien était atteint depuis sa naissance du syndrome de Marfan (*). Une maladie génétique héréditaire – « mon père en était atteint, mais pas ma sœur », précisait-il lorsque nous avions consacré un article à cette maladie à travers un match disputé sous le signe de “l’association de Marfan“ il y a tout juste trois ans -, et qui ne pouvait en aucun cas supposer la pratique d’un sport à un niveau professionnel.

À son arrivée à Vannes à l’entame de la saison 2006-2007, en provenance de Saint-Brieuc… (photo © DR Télégramme de Brest)

« Le sport m’a sauvé »

Pourtant, c’est bien « le sport qui m’a sauvé et m’a pleinement aidé à combattre cette maladie, racontait-il encore ce jour-là. Quand j’étais gamin, on m’avait même fortement déconseillé de faire du sport ». Mais Julien outrepassera cette interdiction, s’adonnant « au foot, au karaté, au VTT », avant de découvrir le volley-ball, « assez tard, et grâce à mon père qui m’avait emmené à une démonstration de l’équipe de France de volley à la foire Expo de Montpellier ».

Un coup de foudre pour la discipline et “l’interdit de sport“ deviendra même professionnel, embrassant une carrière qui le mènera du Nîmes Perrier Volley (1997-2000), dans sa région natale, au Pôle espoirs de Montpellier et le Montpellier VB (2000-2003) – c’est à cette occasion, dans la capitale languedocienne que naîtra l’amitié indéfectible amitié avec Loïc Geiler -, puis au gré des saisons, du GFCO Ajaccio (2003-2005), au Goëlo Saint-Brieuc (2005-2006), au Vannes VB (2006-2007), à Aix UC (2007-2010), à Amiens Métropole (2010-2011), avant de s’installer définitivement dans l’est-Var.

« Faire connaître cette maladie méconnue »

« Le fait d’avoir ce syndrome, d’être atteint de cette maladie m’a donné cette énergie supplémentaire pour me battre et réussir. D’autant que personne, hors ma famille, n’était au courant. C’était un moyen pour moi de me protéger du regard et du jugement des autres. »

Puis son propre jugement a évolué. Et, après cette première opération qui devenait inéluctable – et consistait « à “enrubanner“ l’aorte pour éviter que celle-ci ne se dilate trop… Seuls, deux chirurgiens la pratiquent en France » -, Julien s’est donné pour mission de faire connaître le syndrome de Marfan pour « aider à ma façon, selon mes moyens »

Aujourd’hui malheureusement, Julien Laporte nous a quittés. Et ce n’est pas seulement un club, pas seulement une ville qui ont perdu un être précieux, c’est le monde du volley…

À son épouse Céline, à sa famille, à ses proches et amis, la Ville de Fréjus adresse ses plus sincères condoléances. Tchao Julien.

(*) Le syndrome de Marfan est un trouble génétique qui fragilise les tissus conjonctifs du corps – tissus qui forment nos tendons, ligaments, muscles, articulations – par l’altération de la protéine “fibrilline“ présente dans beaucoup d’organes. Peuvent ainsi être touchés le cœur, le quelette, les vaisseaux sanguins, les yeux…

Les sujets atteints de cette maladie sont en général très grands et minces, avec de longs bras et doigts (Julien Laporte mesure 2,02 m). La probabilité de transmission de cette maladie héréditaire est d’une naissance sur deux. Les manifestations en sont très variables d’un sujet à l’autre, avec un diagnostic parfois difficile. « Certaines personnes apprennent être porteurs de ce syndrome au moment où ils subissent une dissection aortique », précisait ainsi Julien…

Le président américain Abraham Lincoln ou encore le général de Gaulle ou Jules César étaient atteints de cette maladie qui touche quelque 12.000 personnes en France.