Patrimoine – Valorisation de la plateforme romaine : un balcon sur notre passé !

Publié le 2 avril 2021

C’est une bien agréable visite (de chantier) qu’a effectuée le maire de Fréjus, David Rachline, cette semaine sur ce qui était autrefois le stade Pourcin et deviendra d’ici la fin de l’année un accueillant parc paysager, à quelques pas du cœur historique de la ville et de ses vestiges aussi emblématiques qu’innombrables.

De vestiges, il en fut bien évidemment question à l’occasion de cette promenade orchestrée conjointement par l’architecte paysager en charge du chantier, Corrado Degiulimorghen, du cabinet marseillais Fabrica Traceorum, et Pierre Excoffon, responsable du service Archéologie et patrimoine en mairie de Fréjus, avec la présence de Martine Petrus-Benhamou, adjointe au maire déléguée au patrimoine.

Car ces travaux d’aménagement de l’ancien stade, suivis d’une mise en valeur de la plateforme romaine (*) – trois phases bien distinctes sont prévues d’ici 2022-2023 -, sont l’un des enjeux de la seconde mandature du maire David Rachline dans le domaine de la sauvegarde et la valorisation du patrimoine. 

David Rachline sur les traces de Paul-Albert Février

Tout comme le port romain, la plateforme de la même époque n’est pas le plus symbolique des vestiges que nous ont laissés nos ancêtres de l’ère antique. Ni même l’un des plus connus des Fréjusiens, et nombreux sont ceux qui auraient même peine à situer l’endroit. La simple raison ? Ce site n’est pas accessible au grand public, “caché“ à l’extrémité sud-est de feu le stade Pourcin, avenue du XVe Corps.

Le lieu-dit Pourcin, quartier du Paradis, qui accueillait le stade éponyme démoli en 2015, a été le théâtre, sur cette parcelle de quelque 5000 m2 d’une opération archéologique qui a duré un peu plus de trois mois cette fin de même année 2016.

Des découvertes importantes y ont été enregistrées, dont le casque en marbre représentant la déesse de la guerre Minerve, retrouvé dans un comblement du regard d’une conduite d’évacuation des eaux d’un moulin hydraulique à quelques mètres en amont seulement. Autre mise au jour d’autant plus exceptionnelle que ce moulin hydraulique, trouvé un an plus tôt lors d’un diagnostic archéologique réalisé en 2015, se trouvait dans un état de conservation remarquable.

Renforcer le rempart

S’il est une personne qui connaissait parfaitement la plateforme romaine, c’est Paul-Albert Février. L’archéologue, disparu il y a tout juste 30 ans cette année, et dont une place du centre ancien porte le nom, a mené une intéressante campagne de fouilles sur ce site au début des années 1960.

« Nous sommes ici dans le sud-est de la ville antique de Forum Iiuli, intra muros, souffle Pierre Excoffon. L’enceinte romaine (dont l’on retrouve un vestige au coin de l’avenue du XVe Corps et de la rue des Marsouins, Ndlr) court depuis la porte de Rome tout au long de la rue des Marsouins. »

Ici, « deux mois de débroussaillage ont été nécessaire pour dégager les traces des remparts », poursuit l’architecte paysager (visuels ci-dessus et ci-dessous).

Comme un air de petite Rome…

Car plusieurs opérations sont ici menées en simultané. Fouilles sur la partie remparts d’une part et, plus concrètement d’autre part, réalisation du nouveau parc paysager qui prendra place sur tout cet espace, articulé autour du moulin antique.

« Ce dernier sera dans un premier temps présenté de façon “atténuée“ avant une valorisation plus centrée sur le vestige à terme. Mais, rassurez-vous, le moulin ne sera pas détruit, on se laisse la possibilité de le dégager et de le mettre en valeur », précise Corrrado Degiulimorghen qui s’est appuyé dans ce projet sur le principe du Jardin des vestiges à Marseille qui abrite le port antique de Massilia. Un peu encore dans la même idée, à Rome, de la Via dei Fori Imperiali, artère qui traverse les vestiges de la Rome antique et mène au Colisée.

« L’idée, comme à Marseille, est de proposer une sorte de promenade déambulatoire, surélevée, qui permet, avec cette hauteur, de présenter les vestiges de manière à ce qu’ils apparaissent immédiatement compréhensibles et sans qu’il soit besoin d’ajouter des explications superflues », ajoute encore le responsable du cabinet justement à l’origine de cette mise en valeur, à proximité immédiate du vieux port de la cité phocéenne.

Un parc à destination de tous, visiteurs, familles, enfants, parents…

Beaucoup de termes ont fleuri pour désigner cet aménagement à quelques hectomètres tout juste du cœur historique. Comme la notion de « coulée verte », avec cette volonté de progresser depuis les arches de l’Aqueduc (sur le XVe Corps) vers la plateforme romaine, avec une promenade ombragée au moyen d’un côté de grands ormes, arbres robustes s’il en est, et par opposition de l’autre côté d’arbres proposant plus prosaïquement un espace public ombragé. Dans la continuité de l’éco-parking de Sainte-Croix réalisé l’été dernier et le mail piétonnier qui longe ici les établissements scolaires.

« L’entrée au parc se fera dans le prolongement de ce mail piétonnier, pour permettre aux parents et enfants de venir à la sortie de l’école, parce que cet espace se veut à destination des touristes, mais également des habitants et familles de Fréjus. » 

Des bancs en béton de couleur mordorée, « à même de rappeler les remparts » seront « coulés sur place, à partir d’un béton conçu sur site, dans cette idée de se rapprocher au maximum de l’époque antique ».

Mais l’objectif principal demeure bien ici une vue dégagée, un espace accueillant destiné à tous et invitant au final à aller découvrir la plateforme romaine.

Le maire ravi de porter l’histoire de Fréjus à la connaissance de tous

Très intéressé tout au long de cette visite, et buvant comme tous les paroles de l’architecte autant que des archéologues sur site, le maire David Rachline se réjouit bien évidemment de cet aménagement d’un « parc à destination des touristes et des familles en cœur de ville, et de mettre à la connaissance de tous ce formidable lieu qu’est la plateforme romaine même si cela ne se fera que dans un deuxième, voire troisième temps ».

Car le site même de la plateforme demeurera encore inaccessible à l’ouverture du parc – « peut-être pour les prochaines Journées du patrimoine en septembre si aucun grain de sable ne vient enrayer le chantier », mais plus sûrement vers octobre, voire novembre – l’objectif final demeure bel et bien d’aménager et ouvrir cet espace et même de (re)créer un accès vers la villa Marie et le parc éponyme en contrebas. Mais ça, c’est une autre histoire…

Le montant total des travaux s’élève à 1.266.776 €. La Ville bénéficie d’un soutien État/ministère de la Culture/DRAC à hauteur de 300.000 €, et d’une subvention de 76.200 € de la Région Sud (Paca) dans le cadre du dispositif “Arbres en ville”.

(*) Forum Iiuli ne s’est pas faite en un jour. Raconter la cité antique, et notamment la plateforme romaine, pas davantage. Aussi aurez-vous la chance et la curiosité de découvrir ce qu’est (était) la plateforme romaine à l’occasion d’un prochain article.